The Old Firm
- Andréa
- 17 mars 2021
- 5 min de lecture
Depuis plus d’un siècle, Glasgow est le théâtre d’une joute footballistique historique qui voit s’affronter le Celtic FC et les Rangers FC.
Habité d’une passion débordante et d’une haine ardente, le Old Firm appartient à ces rencontres que toute la planète foot contemple.
Lorsque le front religieux, idéologique et politique se mue en terrain vert, retour sur le derby le plus fou de Grande Bretagne.

L’origine de la rivalité
C’est en mai 1888 que les deux géants du football écossais se rencontrent pour la première fois.
Le Celtic FC n’existe seulement que depuis un an alors que les Rangers comptent seize années d’existence.
La ligue écossaise de football n’était pas encore mise en place, ce qui qualifiait ce match d’amical. C’est d’ailleurs le sens premier du terme « Old Firm » qui signifie « la vielle entente ». Par la suite cette expression décrivait les bénéfices économiques et financiers issus de cette rivalité naissante.
De nos jours, le choc de Glasgow attire toujours autant l’attention des passionnés de ballon rond.
Il faut tout de même rappeler que depuis 1986, le championnat écossais est systématiquement remporté par une de ses deux équipes.
Si l’on s’attarde sur le palmarès des deux équipes, la rivalité sportive saute aux yeux.
En effet, les Rangers comptent cinquante-cinq titres de champions d’Ecosse alors que les Bhoys sont relégués à quatre longueurs.
Cependant, à l’échelle européenne, le Celtic et ses « lions de Lisbonne » auréolés d’un sacre en ligue des champions, mènent la danse.
Outre ces deux énormes palmarès, la rivalité entre ces deux clubs dépasse largement l’aspect sportif.
Des querelles religieuses
La religion fait partie des facteurs de la rivalité des deux écuries de Glasgow.
Le Celtic s’est toujours revendiqué comme étant un club catholique. Le club a été créé par des prêtres dont l’objectif initial était de récolter des fonds pour l’Église catholique ainsi que de venir en aide aux populations précaires.
Le premier logo du club, conçu autour d’une croix celtique témoigne de cette attachement à la foi catholique.
Les Rangers quant à eux sont fortement attachés aux valeurs du protestantisme.
Le clivage entre catholiques et protestants s’est progressivement installé dans les relations des deux clubs.
Les supporters des Rangers n’ont jamais caché les liens étroits qui les unissaient avec l’Ordre d’Orange, une organisation créée à la fin du XVIIIe siècle favorisant les objectifs du protestantisme.
Les deux club ce sont longtemps refusés de recruter des joueurs à aspiration religieuse différente que celle du club.
Lors des "Old Firm" il est habituel d'entendre des chants d'oiseaux à l'encontre du pape descendre des tribunes des rangers et de voir des drapeaux du vatican flottés dans les rangs de la Green Brigade.
Cependant, la religion n'est pas le seul étendard des distensions entre les cadors écossais.
Un conflit politico-culturel
Toutes nations constitutives du Royaume-Unis ont été secouées par des velléités d’indépendance.
La ville de Glasgow et plus précisément la rivalité de ses deux principaux clubs de football en est un exemple criant.
En somme d’être un club fortement ancré dans le catholicisme, le Celtic FC est un club pro-irlandais issu de la diaspora irlandaise basé dans les quartiers pauvres situées à l'Est de la ville.
Ce lien étroit est mis en exergue par la présence pléthorique de la couleur verte sur les maillots des joueurs ainsi que sur le logo, dont le symbole principal est un trèfle à quatre feuilles. Le drapeau irlandais est fièrement arboré dans l’enseigne des Bhoys ce qui leurs a d’ailleurs coûté quelques remontrances de la part de la ligue de football écossaise.
Les supporters du Celtic sont donc également des fervents partisans d’une Irlande indépendante d’où leurs surnoms, « The Irish Scott ». Dans les travées du Celtic Park, il est courant de retrouver des bâches à l’effigie de certaines figures de proue de l’indépendantisme du XIII ème siècle comme celle de William Wallace pour n’en citer qu’une.
Contrairement à l’idéologie des verts et blancs, les Rangers sont en faveur d’une union avec le Royaume-Uni et sa couronne.
L’Union Jack fait partie du décors de l’Ibrox Stadium et la couleur bleue est omniprésente au sein du club. « The British Scott » est le surnom donné aux fans des Rangers.
Le club catholique en accord aux valeurs socialistes est généralement situé à gauche de l'échiquier politique contrairement aux "Gers" qui prônent des valeurs conservatrices.
Les tensions entre les deux clubs ce sont fortement cristallisés lors de la tentative de Home Rule de 1912, projet visant à donner une autonomie à l’Irlande, ainsi que lors des Pâques Sanglantes de 1916.
On dit souvent que le football est un parfait miroir de la société et c’est tout particulièrement le cas à Glasgow.

Le reflet de l’antagonisme sociétal
De nombreux débordements ont accompagné ce derby mythique mais la cause de ces altercations va bien au-delà de simples conflictualités sportives.
Comme nous l’avons énoncé précédemment, les deux clubs sont en contradictions sur tous les sujets. Mais leur principale discorde repose sur la divergence des idéologies unionistes prônées par les supporters du Celtic et loyalistes avancées par les Rangers.
La rivalité atteint son paroxysme lors de l’éclatement du conflit Nord Irlandais.
« The Troubles » est une période d’agitation politique et de violences en Irlande du Nord qui a débuté a la fin des années soixante.
Il faut dire que dans les deux camps, les supporters étaient en lien avec des milices armées participants à ce conflit.
L’IRA, l’armée républicaine irlandaise du côté de certains membres de la Green Brigade et l’UDA, l’association de défense de l’Ulster pour « Light Blues » d’Ibrox Park.
Les deux principales confrontations entre supporters des deux clubs se sont déroulées dans cette période.
Le « Old Firm » du 2 janvier 1971 rebaptisé le désastre d’Ibrox est un événement tragique qui s’est soldé par la mort de soixante-six personnes et environ deux-cents blessés. Alors que le Celtic mène au score, les Glasgow Rangers égalisent par l’intermédiaire de Colin Stein. S’en suit alors un mouvement de foule meurtrier.
Neuf ans plus tard, lors de la finale de la coupe d’Ecossee 1980, suite à de nombreuses provocations une émeute a éclaté à la fin de la rencontre. Les supporters des deux équipes ont envahi le terrain pour en découdre. Ce tristement célèbre derby marqua la prohibition d’alcool dans les stades pour les manifestations sportives en Ecosse.
Ces deux incidents montrent à quel point le football reflète à merveille la conflictualité dans nos sociétés.

Qu'ils soient religieux, idéologiques, politiques ou culturels, les points de désaccords entre ses deux clubs historiques cristallisent l'univers football. A n'en pas douté, le "Old Firm" n'a pas fini d'écrire son histoire.
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