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Focus : Le pays basque en route pour la reconnaissance ?

  • Flo
  • 6 janv. 2021
  • 4 min de lecture

Si la question de l'indépendance du pays basque n'est plus réellement d'actualité sur le plan politique, elle l'est en revanche encore fortement d'un point de vue footballistique.

On vous explique tout dans ce focus consacré au chemin de croix entrepris ces dernières années par l'Euskal Selekzioa afin d'obtenir sa reconnaissance par la FIFA et l'UEFA.


Un constat d'échec et le point de départ d'une révolution


La sélection basque a traditionnellement, depuis 1915, joué l'essentiel de ses rencontres durant les fêtes de Noël.

Cependant, en 2017, la fédération basque annonce la fin de cette tradition et une mise en pause de l'Euskal Selekzioa pour une durée indéterminée, afin de murir un projet suffisamment ambitieux pour la faire progresser.

Cela faisait notamment suite à un match calamiteux joué au San Mamès en 2016 contre la Tunisie (3-1), devant seulement 15 000 personnes.


Ainsi, il est décidé qu'à partir de 2018, le pays Basque disputerait ses rencontres internationales en même temps que les autres sélections.

Le premier match joué après cette décision, contre le Vénézuela (4-2), donna un peu plus de crédit à cette pause décidée par les instances dirigeantes afin de récupérer l'adhésion populaire de son public.


Effectivement, le monde entier a pu constater que le peuple basque était largement venu garnir les tribunes du Mendizorrotza (stade du Deportivo Alavès), assurant l'ambiance à grand renfort de fumigènes, tambours, chants à rallonges, banderoles et surtout un superbe tifo.

Des éléments que l'on ne retrouve d'ailleurs plus dans le football de sélection, hormis en Asie du Sud-Est et quelques fois en Europe de l'Est.


Cependant, ce choix, en plus de permettre aux stades basques de se remplir à nouveau, a contribué à créer une sorte de nouvelle légitimité à l'équipe mais aussi à trouver des adversaires plus facilement.

Le 12 décembre 2018, il est d'ailleurs voté à l'unanimité lors de l'assemblée générale de la fédération qu'une demande officielle d'intégration à la FIFA devait être déposée.


2020 : une année charnière


Mais, pendant plus d'un an, rien n'est fait et la situation commence à agacer supporters et joueurs.

Pour faire bouger les lignes, un communiqué demandant une intégration du pays Basque aux compétitions internationales est alors publié en mars 2020.

Ce manifeste, regroupant plus de 750 sportifs locaux, ne milite pas seulement pour le cas de l'Euskal Selekzioa mais bel et bien pour celui de tout le sport basque.


Une nouvelle rencontre disputée le 16 novembre dernier contre le Costa Rica (1-0) relance l'engouement autour du projet.

Deux jours plus tard, le président de la fédération basque, Luis Mari Elustondo ira même jusqu'à évoquer l'existence d'un pré-accord entre les gouvernements basques et espagnols concernant la possibilité "d'ouvrir la présence des équipes sportives basques au niveau le plus officiel et international" (Radio Euskadi).


Rétropédalant le lendemain devant l'ampleur pris par ces propos, Elustondo et ses déclarations alimentent de nouveau la lassitude dans le rang des joueurs.

Ces derniers ne tardent d'ailleurs pas à lui adresser, trois semaines plus tard, une lettre publique pour demander une avancée dans le projet.


En réponse à cela, le gouvernement et la fédération basque annoncent conjointement six jours plus tard que Luis Mari Elustondo va se rendre en Suisse pour mener à bien le projet d'intégration.


Ainsi, le 15 décembre 2020, le président de la fédération basque a transmis auprès des sièges de l'UEFA (Nyon) et de la FIFA (Zurich) les dossiers d'intégration pour l'Euskal Selekzioa.



Espagne-Pays basque : la guerre ouverte des fédérations


Comme l'on pouvait s'y attendre, la fédération espagnol (RFEF) se place en totale opposition avec le projet basque et n'y apporte aucun soutien public.

Souhaitant apaiser les tensions, Elustondo a tout de même de son propre aveu, informé le président de la RFEF, Luis Rabiales, de son dépôt de dossier auprès de la FIFA le jour même.


Le président de la fédération basque espère d'ailleurs que le pacte passé entre le premier ministre Pedro Sanchez et les partis indépendantistes basques concernant un soutien de ces derniers au Parlement puisse l'aider à mener à bien son projet. (NDLR: on peut supposer que la déclaration d'Elustondo sur l'existence d'un pré-accord aurait ce pacte pour origine).


L'actualité joue d'ailleurs en faveur des basques puis la Roja devra affronter le Kosovo en éliminatoires de la prochaine Coupe du monde 2022.

Reconnu par la FIFA, ce petit pays des Balkans ne l'est cependant pas par l'Espagne qui se retrouve bien embarrassé par la situation.


En effet, affronter les kosovars risquerait de donner par ricochets une légitimité au projet basque, qui s'inspire par ailleurs fortement de l'exemple de la sélection menée par Bernard Challandes.



Le projet basque au défi de l'appareil administratif


Un autre point épineux du dossier basque est géographique.

Effectivement, le pays Basque est composé de 3 régions : l'Euskadi (les trois provinces du Pays Basque espagnol), la Navarre (une autre province basque en territoire espagnol) et l'Ipparalde (les trois provinces du Pays Basque français).


En cas d'une possible reconnaissance du projet basque par la FIFA, les joueurs en provenance de ces trois régions seraient-ils encore sélectionnables ?

Ou bien les joueurs d'Ipparalde et de Navarre seraient-ils exclus de l'Euskal Selekzioa, ce qui se révèlerait dramatique pour le niveau de l'équipe ?


Cependant, même dans le scénario assez improbable d'une acceptation par la FIFA, la RFEF ferait très surement suspendre le projet, ce qui entrainerait un renvoi devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS).


Ainsi, à l'heure actuelle, la sélection entrainée par le célèbre Javier Clemente (ex-Espagne, ex-OM) s'attend à devoir affronter un nombre conséquent de recours administratifs et de craintes géopolitiques dans sa quête d'intégration et de reconnaissance.

Ce qui n'empêche cependant pas Elustondo de rester optimiste sur la suite du dossier: "Ça va être long,mais nous avons posé la première pierre".



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