Flashback : Euro 2004, le miracle grec
- Flo
- 3 mars 2021
- 3 min de lecture
A l'heure où il est presque devenu à la mode de se réclamer d'écoles footballistiques pratiquant un jeu offensif, Brace prend le contrepied et vous propose un bond dans le temps en retraçant l'exploit de la Grèce à l'Euro 2004.
Immersion.

Otto Rehagel, le bâtisseur
Avant toute chose, il convient de resituer le statut de la sélection grecque sur l'échiquier européen avant cette compétition.
En effet, l'Ethniki n'avait jusque là disputé qu'un seul Euro, ne gagnant au passage aucun match et n'inscrivant qu'un seul but.
Cependant, l'arrivée d'Otto Rehagel sur le banc marque un tournant.
En effet, le technicien allemand, réputé pour ses méthodes basées sur une forte discipline tactique et une approche défensive redoutablement efficace reste l'élément clé de cet exploit.
Ne comptant pas de grandes stars dans ses rangs, la sélection grecque a tout de même largement étonné les observateurs lors cette compétition.
L'ex-entraineur du Werder Brême a ainsi su insuffler un fort esprit d'équipe, les joueurs définissant d'ailleurs cette génération comme un petite famille dont les liens étroits ont été une force essentielle.
Et la méthode Rehagel a rapidement porté ses fruits puisque la Grèce fini premier de son groupe de qualifications avec notamment 6 victoires en 6 matchs pour le coach allemand (18 points en 8 matchs).

Un parcours au-delà des attentes
En Grèce, les attentes autour de l'Ethniki n'étaient pas très élevées en début de compétition et il était communément admis qu'une victoire serait déjà une superbe performance.
La surprise est donc totale lorsque la Grèce termine 2ème de sa poule en ayant notamment battu l'hôte du tournoi, le Portugal.
Cependant, déjà à l'époque, la méthode suscite de nombreux débats puisque le jeu de la Grèce est extrêmement défensif et utilise une tactique dite du "miroir", consistant notamment à détruire le jeu adverse et à être létal en contre.

Les grecs vont alors franchir les tours en s'imposant successivement contre l'effectif de stars de l'équipe de France (1/4 finale, 0-1) puis la séduisante République Tchèque, véritable révélation du tournoi (1/2 finale, 1-0).
Lors de la finale contre l'hôte portugais, Charisteas inscrit un but sur corner à l'heure de jeu puis toute l'équipe se rue alors en défense, subissant le feu lusitanien sans pour autant céder.
L'exploit est immense mais ce sacre est alors vu comme le triomphe du "jeu laid" et est encore aujourd'hui largement teinté d'une aura négative.

Jeu défensif = jeu laid ?
Le débat revient régulièrement sur le devant de la scène et est toujours autant clivant : qu'est-ce que le beau jeu ?
On a longtemps entendu dire dans les médias sportifs que le football offensif, dont Bielsa et Guardiola sont les plus grands ambassadeurs, est la quintessence du beau jeu.
Cependant, il me semble que cette idée doit être nuancé.
En effet, le beau jeu est à mon sens à associer à l'idée de bien jouer au football et, en suivant cette vision, il serait tristement réducteur et égoïste de limiter le football au jeu offensif.
Il me semble donc qu'une équipe pratiquant un jeu défensif efficace et parfaitement huilé est aussi agréable à regarder qu'une équipe aux velléités offensives prédominantes.
Au même titre d'ailleurs qu'une équipe "plaçant le bus" et échouant à bien le faire est aussi critiquable qu'une formation prônant une possession stérile, faisant ressembler les offensives à des interminables phases de handball.
Le beau jeu est donc à mon sens indissociable du fait de bien jouer et indépendant du style de jeu prôné, l'exemple de la Grèce 2004 illustrant cette idée.

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