Flashback : Coupe du monde 1934, la victoire du fascisme
- Flo
- 25 janv. 2021
- 3 min de lecture
Dirigée depuis 1922 par Benito Mussolini, l'Italie accueille en 1934 la Coupe du monde dans un contexte de montée du nationalisme partout en Europe.
Retour sur cette compétition que l'idéologie fasciste a fait rentrer dans l'histoire.

Le fasciste : un homme nouveau
Si le régime fasciste de Mussolini se caractérise avant tout par son caractère autoritaire, totalitaire, populiste, agressif et nationaliste, il poursuit cependant une autre quête qu'est celle de la création d'un "Homme nouveau".
En effet, Il Duce a pour but de faire naitre un homme italien nouveau, pur, nationaliste et fort qui serait capable de se battre pour le triomphe de sa patrie.
Ainsi, pour imposer cet idéal, Mussolini va notamment se servir du sport car il comprend aisément son caractère fédérateur vis-à-vis des foules.
Le choix du football et de la Coupe du Monde
Cependant, le dictateur italien n'est au départ pas un grand amateur de football car il le trouve encore trop rattaché à l'Angleterre ouvrière et il lui préfère des sports plus "nobles" comme la boxe, le fleuret ou les courses automobiles et cyclistes.
Le président de la fédération italienne de football d'alors, Leandro Arpinati, arrive tout de même à le persuader de l'intérêt du ballon rond pour unifier une nation encore jeune et où un campanilisme fort pose problème à l'état fasciste.
Ainsi, après d'excellentes performances aux JO de 1928 et de 1932, l'Italie se met en tête d'organiser la Coupe du Monde 1934 et emporte le vote de la FIFA devant la Suède.
En quête de crédibilité, l'instance dirigée par Jules Rimet ignore délibérément les idées nauséabondes de Mussolini qui, en contrepartie, investit une somme conséquente dans le projet.
A grand renfort de stades flambants neufs et très bien desservis ainsi que de moyens de retransmissions modernes, le régime fasciste se paye une excellente publicité à travers le monde entier.

Une compétition taillée sur-mesure
Boycottée par certaines grandes nations du football mondial (Uruguay, Ecosse, Angleterre), la compétition démarre le 27 mai 1934 et la Squadra Azzurra fait partie des favoris, avec son effectif majoritairement composés de joueurs de la Juventus, mais aussi sa star Giuseppe Meazza.
Cependant, cette compétition se démarque de l'édition précédente par ce que l'on qualifierait aujourd'hui de "arbitrage-maison".
En effet, alors que l'Italie est largement avantagée par le corps arbitral durant toute la compétition, un scandale éclate lors du 1/4 de finale Italie-Espagne.
La rencontre s'est terminé par un nul (1-1) et un match d'appoint est joué le lendemain.
Mais, l'anti-jeu et la complaisance de l'arbitre vis-à-vis des locaux furent tels durant la première manche que pas moins de 4 italiens et 7 espagnols ne purent tenir leur place le lendemain.
L'accent est de nouveau mis sur l'arbitrage par les organisateurs lors de la demie-finale opposant l'Italie à l'Autriche (1-0) puisqu'elle voit la Wunderteam se faire sortir de la compétition sur la plus petite des marges, avec à la clé un arbitrage des plus médiocres.

Ayant hérité de la redoutable Tchécoslovaquie en finale, la Squadra Azzurra est malgré tout sous pression.
Au cœur d'un engouement populaire phénoménal, l'équipe est prévenue par Mussolini la veille de la rencontre : "L’Italie doit frapper fort et faire tomber l’adversaire. Gagnez ou vous êtes morts !"
Ainsi, malgré une ouverture du score des visiteurs, la sélection emmenée par le légendaire Vittorio Pozzo l'emporte 2-1 et se voit ainsi sacrée pour la première fois championne du monde.
Cependant, comme trop souvent lors de cette édition, la victoire est entachée de forts soupçons de triche, comme l'attestera d'ailleurs le joueur tchécoslovaque Frantisek Planika, qui déclarera avoir vu l'arbitre du match se rendre dans la loge d'Il Duce.
Le fascisme grand vainqueur du tournoi
Si l'empreinte fasciste était largement posée sur l'évènement, en témoigne les saluts romains effectués par les joueurs italiens en direction de Mussolini au début des rencontres, la finale en fut la démonstration la plus totale.
Effectivement, dans un stade 55 000 places acquis à la cause fasciste et après une compétition marquée par l'aura de Mussolini, l'Italie triomphe.
Le dictateur tient enfin là une preuve de supériorité du peuple italien et de sa nation fasciste ainsi qu'un élément de cohésion fort pour la population.
Mussolini remettra d'ailleurs aux joueurs la Coppa del Duce, un trophée environ 4 fois lourd que la frêle récompense habituelle.
Le pari est donc gagnant pour Benito Mussolini et cette Coupe du monde 1934 marquera le début d'une hégémonie de l'équipe italienne.
En effet, la Squadra Azzurra remportera l'édition suivante en 1938 mais aussi les JO de 1936 qui prirent place à... Berlin.
Comme quoi, sport et politique ne font pas forcément bon mélange.

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