Analyse : USA-Bundesliga, l'histoire d'amour
- Flo
- 29 déc. 2020
- 4 min de lecture
Si les États-Unis ont largement imposé leur mode de vie au monde entier à grand renfort de soft power et de mondialisation, il n'en reste pas moins que le pays de l'oncle Sam n'a jamais bénéficié d'une équipe nationale digne de son rang, dû notamment à sa faible culture footballistique.
Cependant, depuis quelques années, les pépites américaines ne cessent d'émerger au plus haut niveau et surtout en Allemagne.
Ce constat n'a d'ailleurs rien d'étonnant étant donné les liens de plus en plus forts qui unissent Bundesliga et l'USMNT.
Retour sur une véritable histoire d'amour entre la Buli et le football d'outre-Atlantique.

Des similitudes culturelles
Un des premiers facteurs de connivence entre les deux pays est la culture.
En effet, selon une récente enquête de l'American Community Survey, 46 millions d'américains auraient des origines allemandes soit 14,7% de la population totale, en faisant ainsi le premier groupe ancestral européen dans le pays.
L'héritage allemand est donc très fort aux US notamment après les vagues d'immigration du XIXème siècle en provenance d'Europe.
Par ailleurs, les américains ont également participé à la reconstruction de l'Allemagne de l'Ouest après la Seconde guerre mondiale et l'impact de cette aide se retrouve encore aujourd'hui.
Effectivement, que ce soit au niveau politique, économique ou culturel, l'Allemagne actuelle est largement influencée par les États-Unis.
Ainsi, l'adaptation en Allemagne, pour les nord-américains en général, est facilitée par cette forte proximité, le cas Alphonso Davies (Canada) en étant l'exemple le plus récent.
Enfin, les similitudes entre la Bundesliga et la MLS sont frappantes.
En effet, ces deux championnats sont connus pour leur football explosif, offensif et spectaculaire ainsi que pour accueillir des joueurs dotés de grosses qualités au niveau du volume de jeu.
La transition entre les deux pays est ainsi bien plus facile qu'avec des championnats moins rythmés et plus physiques comme la Ligue 1.

Une simplicité administrative
Si l'on se base sur les similitudes culturelles, l'évidence pour un joueur américain serait d'aller tenter sa chance en Angleterre, que ce soit en première division ou aux échelons inférieurs.
Cependant, la législation britannique en matière de permis de travail est extrêmement restrictive, ce qui ne s'arrangera pas avec le Brexit, et cela peut donc empêcher certains joueurs de trouver une place au sein d'un club anglais.
A l'inverse, l'Allemagne bénéficie d'une législation bien plus ouverte concernant le travail des étrangers.
Cette facilité administrative est un par conséquent un autre facteur expliquant le succès de la Bundesliga auprès des footballeurs états-uniens.
La première vague : les natifs d'Allemagne
La première source de footballeurs américains ayant joué en Bundesliga est assez surprenante.
En effet, tout ces joueurs ont pour point commun d'être des enfants de militaires stationnés en Allemagne par le passé.
Cela est dû au fait qu'à l'occasion de la reconstruction de l’Allemagne de l'Ouest avec le concours des États-Unis, l'US Air Force avait lancé des programmes d'intégration à la vie de la population par le football pour les soldats envoyés sur place.
La conséquence de cette initiative fut la création de couples américano-germaniques avec des enfants binationaux.
Les footballeurs professionnels nés de ces unions ont par la suite en général opté pour le pays à la bannière étoilée, afin d'avoir une expérience internationale fournie, tout en jouant en Bundesliga.
On peut ainsi citer ici Jermaine Jones, Timothy Chandler ou encore John Brooks qui ont tout trois réalisés de belles carrières en Allemagne et cumulent 177 sélections en tout.

La seconde vague : les natifs des USA
Actuellement, un nouveau profil type semble se dégager: le jeune espoir américain partant tenter sa chance en Europe.
Ce phénomène existe déjà depuis un certain nombre d'années en témoigne les départs de Timothy Weah (2014), Tyler Boyd (2017) ou Weston MCKennie (2016) pour le Vieux continent.
Cependant, le phénomène s'est amplifié avec la Coupe du monde 2018.
En effet, après une campagne de qualification désastreuse, l'USMNT ne composte pas son billet pour la Russie et il apparaît que son effectif composé à majorité de stars de la MLS a atteint un plafond de verre. Ou plutôt touché le fond ...
On assiste alors un exode des jeunes pousses américaines vers l'Europe et plus particulièrement vers l'Allemagne, suivant les traces victorieuses de Christian Pulisic.
On peut ainsi citer Chris Richards (Bayern Munich), Ullyses Llanez (Wolfsburg) ou encore Josh Sargent (Werder Bremen) et Giovanni Reyna (Borussia Dortmund).

L'aspect financier, facteur avantageux
Une autre raison explique l'attrait des clubs allemands pour les pépites états-uniennes : leur faible coût.
Effectivement, la fédération américaine possède un arsenal juridique empêchant les montants excessivement élevés dans le cadre de transferts de jeunes.
Ainsi, les clubs allemands en sont devenus peu à peu particulièrement friands étant donné le vivier de talent commençant à se développer outre-Atlantique et le faible coût de l'opération.
Le dernier point de connivence entre les deux pays est le marketing.
En effet, alors que la culture du ballon rond est largement implantée en Europe depuis des décennies, le marché américain en la matière reste un territoire à conquérir.
Ainsi, en attirant les stars de la sélection des États-Unis, en signant des partenariats avec les clubs locaux (FC Dallas-Bayern Munich) et en implantant des boutiques sur le continent américain, les clubs de Bundesliga se taille une place de plus en plus conséquente dans ce marché en pleine expansion.
Ce système qui profite aux deux partis semble donc avoir de beaux jours devant lui, en témoigne la montée en puissance des jeunes pousses américaines dans la plupart des grands championnats européens.

Comments