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Analyse : Comment le Rwanda utilise le football pour appuyer sa résurrection ?

  • Flo
  • 13 févr. 2021
  • 3 min de lecture

Petit pays d'Afrique de l'Ouest, le Rwanda est un état en pleine mutation.

Bien conscient du fort pouvoir de visibilité qu'offre le football, le gouvernement rwandais y entreprend donc depuis quelques années des investissements conséquents.

Explications.


Une seule volonté : se relever


Lorsque l'on évoque le cas du Rwanda, il est difficile de ne pas immédiatement se remémorer le terrible génocide qui déchira le pays au siècle dernier.

Effectivement, entre avril et juillet 1994, plus de 900 000 Rwandais issus de la minorité Tutsis furent victimes de massacres de la part des Hutus, l'ethnie majoritaire au pouvoir.


Sous l'égide de son président Paul Kagame, le Rwanda mène en conséquence depuis 2000 une politique de redressement du pays.

Ainsi, avec une croissance avoisinant les 7% par an depuis le début du siècle et des indicateurs sociaux toujours plus positifs, le pays est en apparence bien parti pour réussir son pari.



Cette "révolution" reste toutefois à relativiser étant donné les fortes aides internationales dont bénéficie le pays mais aussi la légère tendance qu'a le pouvoir en place à falsifier les statistiques et bilans officiels.

En effet, les reporters envoyés sur place font tous état d'une forte insécurité alimentaire, d'inégalités sociales criantes ainsi qu'une augmentation de la pauvreté.


Par ailleurs, si le génocide fut ô combien dévastateur sur le plan humain, il eu également des conséquences parallèles des plus néfastes, comme une chute drastique du tourisme étranger.


Ainsi, afin de continuer à opérer sa mue, le gouvernement rwandais tente désormais le pari du tourisme haut de gamme et d'affaires.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'investissement s'avère payant, en témoigne les 1,2 millions de touristes par an en moyenne.


Cependant, dans le but d'attirer toujours plus de touristes fortunés sur son territoire, l’État s'est attaqué à un nouveau domaine d'activité : le sponsoring dans le football.



Visit Rwanda: coup de pub pour le tourisme rwandais


Le 23 mai 2018, Arsenal et le gouvernement rwandais annoncent un contrat de sponsoring portant sur une visibilité du logo Visit Rwanda sur les manches des maillots des Gunners .

Fixé à hauteur de 34,5 millions d'euros sur 3 ans selon le Daily Mail, cet accord fut vivement critiqué en Angleterre.


En effet, il fut notamment reproché aux dirigeants rwandais d'utiliser de l'argent issu d'aides étrangères, dont britanniques, ce que ces derniers ont catégoriquement réfutés.

De plus, il est mal vu outre-manche qu'Arsenal ne noue des liens avec un régime autoritaire et dont le leader,Paul Kagame, est un fan assumé des Canonniers.

Un accord du même type fut d'ailleurs signé en décembre 2019 avec le Paris Saint-Germain.


Malgré les polémiques, le ministère du tourisme rwandais affiche fièrement la réussite de ce partenariat qui aurait boosté les chiffres du tourisme dans le pays.

Il faut dire que voir Visit Rwanda associé à des grands noms comme Robert Pires, Mesut Ozil, Youri Djorkaeff ou encore Neymar participe largement au rayonnement international du pays.



Ce partenariat profite également aux clubs concernés puisqu'il leur permet de consolider une base de supporters déjà bien présente en Afrique (Arsenal) ou de conquérir ce nouveau marché en plein boom (Paris SG).


Par ailleurs, concernant le cas parisien, il semble indéniable que les forts liens entre Kagame et le Qatar sont largement entrés en jeu, en témoigne les nombreux investissements réalisés par l'état quatari au Rwanda.


Le revers de la médaille


A ce stade, on pourrait aisément estimer cet accord comme vertueux car profitant au deux partis.

Cependant, la réalité est toute autre et l'impact sur la population rwandaise n'est pas si positif que ce que l'on veut bien nous faire croire.


En effet, le Rwanda est, malgré de bons résultats économiques en apparence, un pays pauvre avec une population régulièrement soumise à la malnutrition.

En ce sens, le choix de l'investissement dans le football peut sembler superflu et quelque peu critiquable même s'il est justifié par un potentiel gain économique.


De plus, s'afficher avec un régime autoritaire, autocratique et réprimant certaines libertés fondamentales (opposants, presse, manifestation) est également condamnable moralement.

Concernant le Paris SG, cela renfoncera ce poncif qui lui colle à la peau depuis l'arrivée de QSI.


Dans une quête de résurrection, le Rwanda investit donc depuis quelques années dans le sponsoring footballistique pour booster sa dynamique touristique.

Cet échange de procédés est cependant très critiqué au regard des caractéristiques du régime mais aussi des sévères problèmes sociaux qui règnent au Rwanda.


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